L’année se termine pour chacun de nous. Cette année fut dense d’un point de vue politique, le président de la République vient de nommer son troisième Premier ministre en moins de douze mois et aura vu défiler quatre gouvernements, dont un renversé par l’Assemblée nationale, le plus éphémère de tous les temps.
Un contexte économique alarmant
Cette instabilité est l’illustration parfaite d’une crise politique bien plus profonde, sans précédent dans l’histoire récente de notre pays. Tous les voyants sont dans le rouge. Les plans sociaux se succèdent, le chômage repart à la hausse, nos peinent à boucler les fins de mois, les entreprises attendent des jours meilleurs, le déficit public est abyssal et pourrait s’envoler à 6 % du produit intérieur brut dans un an. La colère populaire a laissé la place à l’inquiétude qui commence déjà à s’effacer derrière la lassitude. Il est temps de réagir !
Le budget sous tension
À l’assemblée, cette instabilité a été inhérente et s’est particulièrement illustrée lors du difficile examen du budget de l’État et de la Sécurité sociale. Avec mon groupe, j’ai tout fait pour obtenir un accord sur le budget, pour préserver la stabilité du pays, et faire valoir nos propositions pour le pouvoir d’achat, l’emploi, et les services publics. Mais aucune concession ne nous a été accordée. Le Gouvernement a persisté dans sa politique d’austérité qui épargne toujours les plus riches et ponctionne lourdement nos collectivités. Pour faire passer ce budget, il s’est même compromis avec le Rassemblement National.
Pourtant, en commission et en séance, nous avions réussi à obtenir quelques avancées en déposant des amendements pour nos territoires, comme le paiement immédiat des loyers en souffrance des gendarmeries, le maintien des taxes affectées aux Chambres d’agriculture, de Commerce ou des Métiers et de l’Artisanat… Et je regrette que le gouvernement n’ait pas choisi de faire voter sur ce texte au lieu d’utiliser le passage en force du 49-3.
La sanction de la censure était dès lors prévisible voire inévitable.
François Bayrou, un choix de continuité
À l’heure où le nouveau premier ministre, François Bayrou cherche à nommer un gouvernement, je regrette la forme de déni dans lequel s’enferme le Président de la République. Au regard du résultat des élections législatives il aurait été, aujourd’hui comme hier, légitime de nommer un Premier Ministre de gauche et j’avais exprimé mon espoir que Bernard Cazeneuve relève ce défi, dans un moment où l’affirmation de l’autorité publique et la capacité à tenir le cap économique me semblent essentiels.
En choisissant François Bayrou, Emmanuel Macron fait le choix de la continuité de sa politique et de la préservation de son bilan au risque d’aggraver la crise qu’il a ouverte.
Une loi spéciale pour parer au plus pressé
Que de temps perdu ! Presque 6 mois, pour notre pays et nos concitoyens. Certes, La « loi spéciale », palliatif budgétaire soumis en urgence après la censure du gouvernement de Michel Barnier, a été définitivement adoptée mercredi dernier au Parlement.
Dans l’attente de la constitution d’un gouvernement autour de François Bayrou et surtout d’un véritable budget pour l’année 2025, nous avons paré au plus pressé avec ce projet de loi atypique, qui autorise l’exécutif à prélever l’impôt et à emprunter pour financer l’État et la Sécurité sociale. Mais cette belle unanimité ne durera pas et il est urgent de jeter les bases de compromis pour l’année à venir.
L’urgence du dialogue et des compromis
C’est dans cet esprit républicain et démocrate, que je suis allée à la rencontre du Président et du Premier ministre car la situation dans laquelle nous nous trouvons exige de nous, femmes et hommes politiques, une grande responsabilité. Je continue de croire en effet qu’il doit être possible de construire des majorités à l’Assemblée, sans se mettre sous la coupe du Rassemblement National. Cela sera indispensable, pour ne pas retomber dans l’ornière du gouvernement Barnier et s’affranchir de l’extrême droite.
Mais pour ce faire, le nouveau Premier Ministre a le devoir d’engager un vrai dialogue avec ceux qui, à gauche, souhaitent la stabilité dans la justice. Nous avons eu l’occasion de leur redire notre accord pour construire des compromis utiles aux Françaises et Français, en soulignant néanmoins la nécessité de travailler sur des dossiers aussi importants que les retraites, le pouvoir d’achat, la justice fiscale, la préservation des services publics.
Perspectives pour la nouvelle année
Cette stabilité et cette recherche de compromis sont indispensables, nous la devons à nos concitoyens, pour rétablir les comptes publics sans sacrifier nos services publics et nos grandes solidarités nationales.
C’est en tous cas la source de mon engagement politique. À l’évidence, la nouvelle année devra en faire la démonstration et je m’y emploierai chaque jour. J’aurai l’occasion de vous en reparler.