Le secteur de l’élevage en grande difficulté
C’est un nouveau coup dur pour le secteur de l’élevage : depuis le début de l’été, une nouvelle maladie se propage dans les troupeaux de brebis, causant la mort de milliers d’animaux.
En un an, trois épizooties ont frappé les élevages ovins et bovins français : la fièvre catarrhale ovine (FCO) sérotype 8, la maladie hémorragique épizootique (MHE) et en août dernier, la FCO sérotype 3,. Ces maladies sont potentiellement mortelles pour les troupeaux.
En Ariège, une situation qui s’est très vite détériorée
En Ariège, 489 foyers de ruminants sont touchés par le variant 8 de la FCO, dont 368 élevages ovins, soit un tiers du cheptel ovin (chiffres du 23 septembre 2024).
Au total, la maladie menace 135 000 brebis et plus de 1400 élevages ovins de l’est des Pyrénées
Dans ce contexte, les éleveurs et éleveuses de notre département sont de plus en plus démunis.
Le nombre de foyers atteint de fièvre catarrhale ovine (FCO) s’est vite multiplié en France. Pendant ce temps, malgré les alertes sur les ravages causés par la FCO-8, les éleveurs de l’Ariège font face à une pénurie de vaccins. Aucune nouvelle commande n’a été passée par l’État et les doses disponibles, coûtant entre 1,50 et 4 euros, ne sont pas remboursées. La FCO-8, considérée comme endémique depuis 2015, n’est plus couverte par la vaccination obligatoire ni par des indemnisations.
Aux côtés du Préfet, rencontre en Pays d’Olmes avec les agriculteurs et les représentants syndicaux.
Une politique vaccinale qui fait la part belle à l’export ?
Cette inégalité de traitement entre la FCO de sérotype 3 et la FCO-8 et la constatation de mesures différenciées dans la stratégie de vaccination mise en place pour sauver les élevages interroge.
Comment comprendre en effet que le gouvernement n’ait pas acheté de vaccin sur le sérotype 8 alors qu’il a opéré la commande de millions de doses sur le sérotype 3 ? Une campagne de vaccination volontaire ciblée dans le nord de la France contre la FCO-3 est en effet lancée depuis le 12 août.
Pour beaucoup d’observateurs, la FCO-3 concerne de grands bassins du Nord avec de très gros élevages bovins essentiellement tournés vers l’export. Or, ces animaux pour être exportés doivent désormais être testés – le PCR doit être négatif – et vaccinés pour certains pays.
À l’inverse, les élevages du Sud-Ouest sont moins orientés vers l’export. Il s’agit en effet d’élevages en circuit court, qui pratiquent la vente directe, issus du pastoralisme.
Quelle indemnisation ?
Dans un premier temps, il s’agit de favoriser la disponibilité de vaccins pour ceux·celles qui peuvent encore prémunir leurs cheptels et souhaitent vacciner. Par la suite, il faudra veiller à ce que la mortalité et les pertes indirectes soient indemnisées.
Car de fortes craintes planent sur la productivité des cheptels en 2025. En effet, la sensibilité des béliers à la maladie ainsi que les avortements des brebis menacent la fertilité et la productivité des troupeaux des Pyrénées. Au final, les cheptels sont menacés par une double perte : diminution du nombre de reproducteurs et baisse de la fertilité de ceux survivants. Aussi, le remplacement des reproducteurs morts est un enjeu majeur.
Mais comment faire face aux conséquences de ces mortalités quand les trésoreries de nombreuses exploitations ont déjà été impactées fortement par la MHE et les sécheresses 2022/2023 ?
De plus, l’instruction et le paiement des aides PAC en 2023 a pris énormément de retard, en particulier pour les systèmes pastoraux transhumants du fait de la réforme de l’éligibilité des surfaces pastorales ligneuses (SPL). Ces retards et les incertitudes sur le paiement des aides limitent les capacités de financement du remplacement des reproducteurs morts des suites de la FCO.
Il est donc essentiel qu’une compensation des pertes de reproducteurs intervienne rapidement et que les acomptes d’aide soient perçues dans le calendrier normal dès la seconde quinzaine d’octobre.
Enfin, il faut rappeler également que cette mortalité aura un impact indirect sur les aides PAC. La diminution des effectifs ovins va impacter les aides directes en 2024 et 2025.
Mon soutien aux éleveurs ariégeois
Dès cet été, je me suis pleinement mobilisée en allant à la rencontre des éleveurs ariégeois, sur le terrain, pour les soutenir face à la crise de la FCO. J’ai co-signé, avec le Conseil départemental de l’Ariège, un courrier adressé au Premier ministre pour alerter sur l’urgence de la situation. À la reprise des travaux parlementaires, j’ai également interpellé la ministre de l’Agriculture à ce sujet.
Force est de constater que ces actions ont porté leurs fruits. La vaccination gratuite a été étendue à l’ensemble du territoire pour la filière ovine, et un fonds d’urgence a été mis en place pour indemniser les éleveurs touchés par la FCO.
Je continuerai à suivre de près la mise en œuvre de ces mesures, essentielles pour nos éleveurs. Il est indispensable que ces dispositifs répondent aux besoins réels du terrain, qu’ils soient déployés rapidement et sans entraves administratives. En particulier, l’accès aux vaccins doit être garanti à tous les élevages concernés et les indemnisations promises doivent parvenir sans retard.
Je resterai attentive aux retours des acteurs locaux pour m’assurer que ces engagements se traduisent en actions concrètes et efficaces, car il en va de la survie de nombreuses exploitations.