Elections européennes, dissolution, législatives, remaniement ministériel… la vie politique et parlementaire de notre pays a été secouée ces derniers mois par une instabilité qui inquiète nos concitoyens au plus haut point. Que de temps perdu alors même que la situation économique et sociale de notre pays mériterait qu’on s’y attèle avec la plus grande urgence. Car, pendant cette période, les problèmes du pays n’ont pas été mis entre parenthèses, loin de là. Les Français, qui se sont massivement déplacés aux urnes lors des dernières élections législatives, attendent des réponses, des résultats, de l’efficacité dans le traitement d’enjeux urgents : pouvoir d’achat, sécurité, santé, éducation, transition écologique…Tous ces défis sont devant nous et il est temps d’agir concrètement.
C’est dans ce contexte troublé qu’est intervenue la nomination du nouveau Gouvernement mené par Michel Barnier puis sa déclaration de politique générale fixant les grands axes des politiques qui seront menées. Le moins qu’on puisse dire c’est que la déception, une fois de plus est au rendez-vous…
Un nouveau gouvernement, qui ne tient pas compte de la volonté populaire
Alors même que le résultat des élections législatives se sont révélées être un échec cuisant pour les macronistes et les Républicains, le président de la République, par un tour de passe-passe désolant, a choisi de s’entourer de ses alliés de droite pour poursuivre une politique en faveur des plus privilégiés de notre pays. Un Gouvernement qui réunit les principaux perdants de l’élection et représente toutes les nuances – libérale, conservatrice et autoritaire – de la droite.
Le message des Français était pourtant clair : ils souhaitaient mettre un terme à la politique menée par Emmanuel Macron et ses ministres qui a conduit le pays au bord du gouffre budgétaire. Pourtant, après de longs mois de tergiversations, le Président a tiré un trait sur une candidature qui aurait pu réunir tous les progressistes et démocrates de ce pays, et s’est accroché au pouvoir comme l’a montré le maintien de cinq ministres déjà en exercice et l’arrivée de nouveaux députés proches du Président. Cette tentative inédite et désespérée de conserver le pouvoir, alors que les urnes ont clairement porté en tête la gauche, porte un coup dur à notre démocratie et laissera des cicatrices profondes.
Pire, la droite, grande perdante du scrutin de juillet dernier obtient quant à elle des postes clés à l’image du Ministère de l’Intérieur confié à Bruno Retailleau qui, depuis, multiplie les déclarations plus inquiétantes les unes que les autres. Faut-il rappeler à ce responsable politique que l’état de droit ne saurait être une option, et je m’étonne fortement que le Premier ministre n’ait pas eu à cœur de le rappeler avec promptitude et fermeté. Il s’était portant empressé de s’excuser auprès de Marine Le Pen lorsqu’un de ces ministres avait, dans ses propos, exclu le RN de l’arc républicain. Deux poids deux mesures donc.
Cette bienveillance qui place ce gouvernement fragile sous le haut patronage du Rassemblement national est affligeant et augure du pire pour notre édifice démocratique. Que va-t-on encore sacrifier de notre République en échange de la neutralité bienveillante de l’extrême droite ? C’est d’ailleurs tout le sens de mon intervention en commission des lois, lors de l’audition du Ministre Retailleau. Je l’ai interrogé sur sa volonté de remettre en cause, à nouveau, le principe de l’Aide Médicale d’État.
Ce nouveau gouvernement laisse présager le pire : une politique libérale assumée, sourde aux enjeux de justice sociale, sécuritaire et implacable, voire radicale, sur les libertés publiques.
Une déclaration de politique générale en trompe l’œil
C’est donc avec intérêt que nous attendions la Déclaration de politique générale du Premier Ministre le mardi 2 aout à l’Assemblée nationale. Certes nous devons reconnaître à Michel Barnier une certaine bonhommie et une volonté de respecter le Parlement qui sera la bienvenue après des années d’arrogance macroniste.
Pourtant, au-delà de la personne, les Français attendent des mesures concrètes en lien avec leur vie quotidienne qui ne cesse de se dégrader.
Force est de constater que le Premier ministre s’est contenté de faire de grandes déclarations d’intention qui, certes ne fâchent personne, mais qui ne seront pas suivis d’effets, ou si peu.
Si l’on prend l’exemple du pouvoir d’achat des Français, le nouveau chef du gouvernement a annoncé une revalorisation anticipée du Smic. Son montant évoluera de 2%, au 1er novembre, à la place du 1er janvier, comme le prévoit la loi. Peut-on réellement considérer qu’il s’agisse là d’une politique volontaire en termes de pouvoir d’achat ?
En ce qui concerne les mesures pour réduite le déficit qui feront l’objet du prochain Projet de loi de Finances, le message a été clair : il y aura des coupes franches autrement dit une politique d’austérité.
Pourtant, les restrictions qui seront décidées doivent impérativement répondre à la nécessité de trouver un équilibre entre, d’un côté, l’impératif de doter la France d’un budget afin de financer nos politiques publiques, de l’autre, la forte attente de justice fiscale et sociale qui a été exprimée. Nous serons vigilants à ce que le budget soit respectueux de cette justice fiscale et sociale, et mette en œuvre les dispositifs tant réclamés de taxation des superdividendes, des rachats d’actions ou encore de la fiscalité sur le capital.
Il est malheureusement à craindre que la dette abyssale accumulée par les gouvernements successifs aura des conséquences bien palpables : une absence de moyens à la hauteur des besoins dans l’hôpital public et pour l’accès généralisé aux soins ; une pénurie de moyens pour faire face à la crise du logement ; une absence de moyens pour permettre à nos agriculteurs de faire face aux crises qui les mettent à terre – crise du revenu, crise climatique, crises sanitaires comme la fièvre catarrhale ovine (FCO) qui ruine des milliers d’élevages, notamment en Ariège.
Quant à la situation des travailleurs précaires ou pauvres, des jeunes et des étudiants, des retraités qui vivent de petites pensions ou des ménages les plus vulnérables qui ne peuvent se projeter dans l’avenir faute de perspectives économiques et financières stables, j’aurai à cœur de relayer leur profond désarroi et leurs inquiétudes.
Pour toutes ces raisons, j’ai en responsabilité décidé de voter pour la motion de censure déposée par le Parti socialiste afin de dire clairement que nous refusons ces orientations libérales qui ne feront que fragiliser davantage la vie quotidienne de nos concitoyens !