La France fait face à une crise du logement qui s’intensifie d’année en année à tel point que le logement est devenu le souci quotidien et la dépense principale de nos concitoyens. Plus de 4 millions de personnes sont mal-logées dont plus d’un million sont privées de logement personnel. Plus de 12 millions sont considérées comme en fragilité par rapport au logement. Les bailleurs sociaux n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme face à une demande en logement social, destiné aux ménages aux revenus modestes, en constante augmentation et à laquelle il est impossible de faire face. C’est dans ce contexte que j’ai souhaité aller à la rencontre de Valérie Létard, Ministre du logement pour obtenir des réponses sur les mesures rapides à mettre en œuvre.
Une crise du logement social qui s’accentue
Force est de constater que la précarisation économique, la flambée des loyers et la hausse du coût de la vie ont entraîné une explosion des demandes. Aujourd’hui, environ 2,4 millions de ménages attendent un logement HLM, et ce chiffre ne cesse de croître. Le déficit en logements sociaux est sans nul doute un facteur majeur de la crise du logement en France.
Le manque d’efforts pour développer le parc de logements sociaux se traduit par une demande qui dépasse largement l’offre. En 2024, on dénombre 2,1 millions de demandes non satisfaites. De plus, cette situation est aggravée par l’inflation qui affecte le pouvoir d’achat des ménages les plus vulnérables.
Les familles nombreuses (72%), les familles monoparentales (59%), les chômeurs (78%) et les ouvriers (61%) sont sans surprise les plus touchés.
Les zones rurales, elles, ne sont pas épargnées et ressentent fortement cette crise. Ainsi, 33 % des zones rurales se disent confrontés à des difficultés d’accès au logement.
L’impact sur le pouvoir d’achat et la mobilité
La crise du logement affecte très directement le pouvoir d’achat des Français. En 2024, 45 % des Français déclarent que leur pouvoir d’achat ne leur permet que de couvrir leurs besoins essentiels. En effet, le poids du logement pèse lourdement sur les finances des familles modestes, ce qui limite leur capacité à épargner ou à investir. Cela affecte également leur mobilité professionnelle, les contraignant à vivre loin des centres économiques, ce qui accroît encore les inégalités territoriales.
Une politique publique qui n’a pas été à la hauteur
Le Gouvernement porte une lourde responsabilité dans la crise du logement. Ses choix budgétaires et l’alourdissement des contraintes ont fragilisé le secteur, avec plus de 10 milliards d’euros de ponctions depuis 2017 sur les bailleurs sociaux (hausse de la TVA, réduction de loyer de solidarité, suppression du Fonds national des aides à la pierre (FNAP), prélèvements sur Action Logement). Résultat : 2,6 millions de demandes de logements sociaux en 2024 contre 2 millions en 2016.
À cela s’ajoutent la suppression du dispositif Pinel sans alternative, la réduction du Prêt à Taux Zéro (PTZ) en 2024, et la fin de l’APL-accession dès 2018, rendant l’accession à la propriété plus difficile.
Les communes sont aussi impactées : disparition des aides aux maires bâtisseurs, perte du lien entre ressources et population avec la suppression de la taxe d’habitation, et compensation insuffisante des exonérations fiscales pour les logements sociaux. Un désengagement de l’État aux conséquences lourdes pour les territoires.
Les réponses apportées par la Ministre lors de notre rencontre
Le gouvernement semble prendre conscience des effets négatifs de sa politique du logement menée depuis 2017, largement critiquée. Lors de ma rencontre avec la Ministre, j’ai souligné la situation préoccupante des bailleurs sociaux, inquiets de la diminution de leurs moyens d’action.
Plusieurs mesures ont été annoncées :
- Réduction de la Réduction de Loyer de Solidarité (RLS) : Le budget 2025 prévoit une diminution de 200 millions d’euros de la RLS, passant de 1,3 milliard à 1,1 milliard d’euros. Cette mesure vise à alléger la charge pesant sur les bailleurs sociaux et à renforcer leurs capacités d’investissement.
- Extension du Prêt à Taux Zéro (PTZ) : Le PTZ sera élargi à l’ensemble du territoire pour les logements neufs, qu’il s’agisse d’appartements ou de maisons individuelles, à partir du 1ᵉʳ avril 2025 jusqu’au 31 décembre 2027. Cette initiative vise à faciliter l’accession à la propriété pour les primo-accédants.
- MaPrimeRénov’ : Bien que le budget alloué à ce dispositif soit réduit de 460 millions d’euros en 2025, la coupe est moins sévère que prévu initialement.
- TVA réduite pour les investissements en zones prioritaires : La Ministre s’est engagée à appliquer un taux de TVA réduit à 5,5 % pour les investissements réalisés dans les Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville (QPV), afin de soutenir la construction et la rénovation dans ces zones.
J’ai également attiré l’attention sur la nécessité d’adapter les délais de validité des fonds alloués aux projets des bailleurs, souvent incompatibles avec la réalité des procédures. De plus, j’ai proposé le recrutement de « facilitateurs » départementaux pour accompagner les petites entreprises et artisans locaux dans la réponse aux marchés publics, simplifiant ainsi les démarches administratives et favorisant une concurrence plus équitable.
Ces mesures représentent des avancées significatives pour le secteur du logement social et témoignent d’une prise de conscience des défis actuels. Il est essentiel de poursuivre dans cette voie pour garantir un accès au logement pour tous et soutenir les acteurs engagés sur le terrain.
La crise du logement en France exige une mobilisation concertée de l’État, des collectivités locales et des bailleurs sociaux. Les récentes initiatives gouvernementales sont encourageantes, mais une action soutenue et cohérente est indispensable pour combler le retard accumulé depuis 2017 et répondre efficacement aux besoins de logement de la population.